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Le 6 août, les Allemands mirent en position leurs obusiers lourds et, dans la même journée, à l'étonnement des militaires des autres nations, chassèrent les Belges de deux des principaux forts de Liège. Néanmoins, la résistance des Belges fut opiniâtre et retarda sensiblement l'avance des Allemands, leur faisant perdre un temps précieux pour eux. Quelques-uns des forts tinrent pendant plusieurs jours, pendant lesquels il fut impossible aux Allemands de se servir des voies ferrées traversant la ville, pour le transport de leurs troupes et leur ravitaillement. Ce délai permit aux armées française et britannique de se porter sur la frontière franco-belge.
Essayant une diversion favorable à l'armée belge, la première armée française opéra une incursion en Alsace. Partie de Belfort, elle passa la frontière, occupa Altkirch le 7 août et s'empara le lendemain de la grande cité industrielle de Mulhouse. Mais, dès le 9, attaquée dans deux directions, elle dut se replier. Ayant reçu d'importants renforts, elle renouvela sa tentative. Sa marche fut entravée par de sérieux combats mais, le 19 août, elle reprit Mulhouse, faisant de nombreux prisonniers et s'emparant de plusieurs batteries allemandes d'artillerie de campagne. La totalité de la Haute Alsace était apparemment évacuée par les Allemands et les Français s'avançaient vers le Rhin.
La mobilisation allemande s'était terminée le 14 août et, le 19 du même mois, l'armée belge, battue à Louvain, était rejetée sur Anvers. Le 20 août, les Allemands occupèrent Bruxelles et imposèrent à cette ville une énorme contribution de guerre. Leur armée, forte de plus d'un million d'hommes, s'avançait rapidement au-devant des forces alliées, qui se concentraient près de la frontière franco-belge. Les Français avaient terminé leur mobilisation le 17 août; le même jour, on annonçait le débarquement en France d'une petite armée britannique, composée de cinq divisions d'infanterie et de cinq brigades de cavalerie. Rien n'avait transpiré du mouvement de ces troupes, commencé sept jours auparavant dans un profond secret. La masse de l'armée française avait, d'abord, occupé une position défensive le long de la frontière franco-allemande, depuis Belfort jusqu'à Mézières, près de la frontière belge, à environ soixante-quinze milles au sud-est de Bruxelles. Cette position s'était récemment étendue vers l'ouest par le mouvement des armées française et britannique; elle était jalonnée par Mons, Namur et Charleroi, l'armée britannique occupant l'extrême gauche, près de Mons. Une autre armée française devait prolonger la gauche anglaise jusqu'à Lille. On comptait que les forts entourant Namur, occupés par une forte garnison, barreraient le passage aux Allemands pendant assez longtemps. Le bombardement de ces forts par les obusiers lourds commença le matin du 22 août. Ils furent complètement anéantis et se rendirent dans l'après-midi du 24. La chute de cette place forte exposait le flanc gauche de l'armée alliée à une manœuvre d'enveloppement, que les Allemands entreprirent incontinent.
La deuxième armée française avait forcé les passages des montagnes des Vosges et avait pénétré en Lorraine. Les avantages qu'elle avait remportés dans plusieurs engagements secondaires l'enhardirent à attaquer, sans moyens suffisants, une position fortement préparée, à Morhange. Elle fut repoussée, subissant de lourdes pertes en hommes et en canons; poursuivie au delà de la frontière, elle vint s'établir au sud de Lunéville, et les Allemands occupèrent cette ville. Cet échec détermina la retraite de la première armée, qui dut évacuer l'Alsace; une forte partie des effectifs qui la composaient furent immédiatement envoyés par chemin de fer à l'extrême gauche de la ligne alliée, pour former partie de la sixième armée française qui se constituait près d'Amiens. Presque toute l'armée allemande de première ligne, c'est-à-dire vingt et un corps d'armée sur vingt-cinq, se trouvait alors concentrée et prête à commencer ses opérations en France. Ses chefs se proposaient de porter un coup prompt et formidable aux armées alliées, qu'ils espéraient ensuite envelopper par un double mouvement de flanc, répétant ainsi, avec des résultats plus considérables, la manœuvre de Sedan. Le 23 août fut une mauvaise journée pour les Alliés. Une armée française fut battue à Charleroi et une autre à Virton, en avant de Nancy. La sixième armée française ne réussit pas à se porter sur la gauche de l'armée britannique, qui ne conservait ses positions près de Mons qu'avec de grandes difficultés et de lourdes pertes; celle-ci fut, en conséquence, obligée de battre en retraite pour éviter d'être débordée sur ses deux flancs. Lille ouvrit ses portes et la gauche de l'armée alliée commença un mouvement général de conversion sur Paris, avec Verdun comme pivot. Le 24 août, comme un flot impétueux, les uhlans se répandirent dans le nord de la France; ils occupèrent Valenciennes, Denain et de nombreuses autres villes. La première armée allemande, commandée par le général von Kluck, s'avançait à marches forcées, essayant de déborder l'armée du maréchal French en retraite et de la rejeter sur Maubeuge. Le but évident de cette marche vers l'ouest était de tourner les escarpements successifs qui forment les défenses naturelles de Paris vers l'est et d'envelopper les armées alliées. De rudes combats furent livrés à Landrecies le 25 août et le lendemain au Cateau. Les pertes furent sérieuses des deux côtés, mais l'armée britannique dut abandonner de nombreux canons pour alléger sa retraite. Ce jour-là, on s'était battu sur un front de cent milles. Un violent assaut livré par les Allemands sur les hauteurs protégeant Nancy, fut repoussé avec de grandes pertes. Mézières fut abandonné par les Français. La gauche des forces alliées était repoussée sur toute la ligne. Le 27 août, la vieille forteresse frontière de Longwy se rendit, après un bombardement de plusieurs jours, Maubeuge fut investi. Les Allemands s'avancèrent vers la forêt de l'Argonne. Le cabinet français fut réorganisé et renforcé; le général Galliéni fut nommé gouverneur de Paris; le gouvernement français se préparait à quitter la capitale pour se rendre à Bordeaux.
De nombreuses armées russes avaient pénétré en Prusse Orientale et en Galicie, où elles avaient remporté d'importantes victoires. Les habitants, épouvantés, fuyaient devant elles. Trois corps d'armée allemands furent promptement envoyés sur le front russe par chemin de fer. Les opérations militaires des Allemands en France étaient poussées avec une furieuse énergie et une rapidité extraordinaire, sans égard aux pertes subies ni à l'épuisement des troupes, dans l'espoir d'obtenir une victoire décisive, pour se retourner ensuite contre leur ennemi oriental. Les hommes fatigués étaient rudement poussés en avant, et on leur répétait cette maxime militaire « la sueur épargne le sang. » Comme leur mobilisation était plus complète que celle des alliés, ils possédaient encore une grande supériorité de nombre sur le théâtre décisif de la guerre, à l'ouest de Verdun. L'armée britannique était de nouveau débordée et repoussée de Cambrai le 26 août et de St-Quentin le 28. Le 29, elle reçut l'ordre de se retirer sur une position au delà de la Marne, entre Compiègne et Soissons. Amiens et Reims furent abandonnés à l'ennemi. La cinquième armée française, opérant sur la droite anglaise, se porta rudement à l'offensive à Guise avec quelque succès, mais à gauche son attaque échoua et la ligne de la Somme dut être abandonnée. Pendant ce temps, la sixième armée française se formait en toute hâte à la hauteur de la gauche anglaise, mais devait se retirer vers Paris. Les ponts de la Marne et des autres rivières furent partout détruits pendant la retraite. Le 3 septembre le gouvernement français allait siéger à Bordeaux. Sur l'avis du général Joffre, sir John French se retira derrière la Seine, les Allemands ayant traversé la Marne. Il leur était maintenant impossible de déborder la gauche alliée, qui se trouvait alors solidement appuyée sur le camp retranché de Paris, qu'occupait un demi million d'hommes. Leur tentative d'enveloppement avait par conséquent échoué. Leurs pertes avaient été très grandes, non seulement sur les champs de bataille, mais pendant leur marche, en raison de la hâte fiévreuse de leurs mouvements. Leur première armée, qui s'était dirigée directement sur Paris, obliqua franchement à gauche et marcha dans la direction de l'est, présentant ainsi son flanc droit aux coups de ses adversaires. La ligne de communication allemande s'étendait sur plus de 200 milles, à travers la Belgique, et en beaucoup d'endroits les voies ferrées étaient coupées et les ponts détruits. Dans cette situation aventurée, le grand état-major allemand décida de prélever sur ses troupes un autre corps d'armée, et de l'envoyer à l'est pour protéger la Prusse Orientale et renforcer l'armée autrichienne, qui venait de subir une sanglante défaite en Galicie. Après le départ de ces troupes, la balance du nombre penchait en faveur des Alliés.
Le cinq septembre les représentants de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie signèrent un pacte par lequel chacune de ces puissances s'engageait à ne pas conclure de paix séparée et à ne discuter aucunes conditions de paix sans le consentement des deux autres. Le général Joffre lança un ordre du jour ordonnant une offensive générale pour le lendemain matin. Dans la soirée, la garnison de Verdun dans une sortie s'empara d'un train conduisant une grande quantité de provisions à l'armée du Kronprinz allemand. La bataille de la Marne commença le 6 septembre à l'aube et dura sept jours. La droite des alliés s'appuyait sur Verdun, leur gauche sur Paris. Le front de bandière couvrait plus de 150 milles et l'on estime à deux millions et demi le nombre des soldats qui se faisaient face. Dès le premier jour, vers midi, von Kluck s'aperçut du danger de sa position et commença une retraite précipitée, en couvrant le mouvement de ses colonnes par de fortes arrière-gardes. Ce recul découvrit le flanc des armées se trouvant à sa gauche, lesquelles furent à leur tour contraintes de se retirer. Le 7, la citadelle de Maubeuge se rendit, avec sa garnison de 40,000 hommes, après avoir enduré un furieux bombardement pendant douze jours; ses assiégeants allèrent grossir les rangs des autres armées allemandes. Après avoir retraversé la Marne, les Allemands firent tête et combattirent désespérément pour conserver leurs positions. Le 11 septembre, l'armée du Kronprinz lança une attaque générale sur la position française du Grand Couronné de Nancy, qui échoua lamentablement. Toutefois, le lendemain les Allemands réussirent à s'emparer des forts de Troyon et du Camp des Romains sur la Meuse; ils traversèrent cette rivière à St-Mihiel. La droite des armées allemandes se retira au delà de l'Aisne, évacuant Amiens, Reims, Châlons-sur-Marne, etc., et laissant aux mains des vainqueurs de nombreux prisonniers et une grande quantité de canons. Parmi les causes principales qui ont contribué à la défaite allemande, on peut mettre au premier rang l'épuisement de leurs troupes, la désorganisation de leurs transports et le retrait au moment critique de neuf corps d'armée envoyés sur le front oriental. Les Allemands avaient préparé une forte position défensive sur le plateau qui domine l'Aisne, la droite de cette position s'appuyant aux collines boisées près de Noyon, et ils avaient détruit les ponts de cette rivière. Quatre lignes de chemin de fer venant de la Belgique assuraient leurs communications, tandis qu'une cinquième voie ferrée, allant de l'est à l'ouest et reliant les quatre autres, circulait derrière leur front. Tout d'abord leurs opérations furent purement défensives; plus tard, elles furent suivies de quelques contre-attaques. Les Alliés, sans perdre de temps, prolongèrent leur ligne vers leur gauche, dans l'espoir de tourner la position allemande et d'intercepter ses communications. À ce mouvement les Allemands en opposèrent un autre, établirent de nouvelles positions en potence, face à l'ouest, et prolongèrent leur front vers le nord, si bien qu'à la fin de la troisième semaine des combats sur l'Aisne les lignes occupées par les deux armées atteignaient La Bassée, à moins de dix milles de la frontière belge.
Anvers, le nouveau siège du gouvernement belge, était assiégé par les Allemands. Le bombardement commença le 28 septembre et les forts de l'enceinte furent bientôt réduits au silence; un corps considérable de troupes britanniques, soldats et marins, s'était porté au secours de la garnison, mais le 5 octobre la situation étant devenue désespérée, on commença l'évacuation de la ville, dont les Allemands prirent possession quatre jours plus tard.
Une nombreuse cavalerie, soutenue par deux armées allemandes nouvellement organisées, s'avança sur les routes conduisant à Dunkerque et à Calais. Lille et les villes manufacturières qui l'entourent, furent bientôt occupées sans résistance. L'armée britannique avait reçu des renforts d'Angleterre et, de plus, un fort contingent venant de l'Inde qui avait débarqué à Marseille; elle quitta la position qu'elle occupait sur l'Aisne et s'établit sur un nouveau secteur allant de La Bassée à Ypres. Des troupes françaises et belges continuaient le front sans interruption jusqu'à la mer du Nord, à Dixmude. Au milieu d'octobre, les Allemands commencèrent une grande attaque près d'Ypres, faisant des efforts désespérés pour atteindre Calais et Dunkerque. Cette furieuse bataille dura presque sans interruption jusqu'au 5 novembre, date à laquelle les Allemands confessaient tacitement leur échec. Restant sur la défensive, les Alliés avaient perdu 100,000 hommes; les pertes des Allemands étaient indubitablement beaucoup plus grandes. Lorsqu'elle se termina, quatre millions d'hommes se faisaient face, enterrés dans des lignes de retranchement parallèles s'étendant depuis la mer du Nord jusqu'à la frontière suisse, soit environ 350 milles à vol d'oiseau; mais en réalité les sinuosités du front lui donnaient une longueur de plus de 500 milles. Jusqu'à la fin de l'année, ces positions restèrent à peu près stationnaires, les gains ou les pertes de terrain, de part et d'autre, étant insignifiants.
Le 16 août, les Russes se mirent en marche contre la Prusse Orientale et la Galicie; deux armées nombreuses avaient pour objectif le territoire prussien. L'une d'elles, l'armée du Niémen, battit un corps allemand dans une action d'arrière-garde, à Gumbinnen, et menaça la grande forteresse de Kœnigsberg. L'autre, appelée armée de la Vistule, s'avança dans la région des lacs Mazuriens et occupa Allenstem. Le 22 août, le général Paul von Hindenbourg reçut le commandement des armées allemandes sur ce front. Par ses habiles dispositions, un usage judicieux des voies ferrées et autres moyens de transport, et en mettant à profit les avantages du terrain, il réussit à cerner l'armée de la Vistule, qu'il détruisit presque entièrement, près de Tannenberg, les 30 et 31 août. Ayant reçu d'importants renforts qui arrivaient du front occidental, il se retourna rapidement contre l'armée du Niémen et la rejeta au delà de la frontière en lui faisant subir de fortes pertes; ensuite il envahit et ravagea la plus grande partie de la province de Suwalki. Les Russes prirent position derrière le Niémen, que Hindenbourg ne put traverser. Subséquemment, l'armée allemande fut battue dans une série d'actions livrées près d'Augustowo, du 28 septembre au 3 octobre, et fut forcée de se retirer en Prusse Orientale. Ayant reçu de nouveaux renforts de l'ouest, les Allemands reprirent l'offensive et s'emparèrent de la grande cité industrielle de Lodz. Il se portèrent ensuite sur Varsovie, mais furent arrêtés dans leur marche avant d'avoir pu atteindre cette ville.
Les Russes furent plus heureux dans leur invasion de la Galicie. Après quelques succès de peu d'importance, ils remportèrent une très grande victoire sur une armée autrichienne, près de Lemberg, le 2 septembre. Ils repoussèrent les Autrichiens au delà de la rivière San, prirent Jaroslav et assiégèrent la grande lorteresse de Przemysl; ils s'avancèrent ensuite sur Cracovie. Les Allemands étant venus en grand nombre au secours des Autrichiens, les Russes se retirèrent sur la ligne de la Vistule pour protéger Varsovie. Ils y furent attaqués, mais réussirent à conserver leur terrain; la bataille durait depuis six jours lorsqu'une cavalerie nombreuse enveloppa l'aile droite allemande et obligea Hindenbourg à une longue et coûteuse retraite. Au commencement de décembre, les Russes recommencèrent le siège de Przemysl et s'avancèrent de nouveau vers Cracovie.
Les armées autrichiennes qui étaient entrées en Serbie avaient été repoussées avec de grandes pertes; une armée serbe avait envahi la Bosnie et assiégé Serajevo. En novembre, l'armée autrichienne ayant reçu du renfort, chassa les Serbes et les poursuivit jusque dans leur propre pays. Belgrade fut bombardée et mise en ruines. Le 5 décembre, l'armée serbe vainquit les envahisseurs et réoccupa Belgrade le 14.
Le Monténégro avait déclaré la guerre à l'Autriche le 7 août et aidé les Serbes dans leur invasion de la Bosnie. Le 31 octobre, les relations diplomatiques entre la Turquie et les Alliés furent rompues, une flotte turco allemande ayant bombardé le littoral russe de la mer Noire. La Grande-Bretagne déclara la guerre à la Turquie et annexa l'île de Chypre le 5 novembre; la France déclara la guerre à la Turquie le lendemain. Le 25 novembre le Sultan proclama la guerre sainte contre les Alliés. Les flottes alliées bombardèrent les forts des Dardanelles. Les Turcs envahirent le Caucase et franchirent la frontière russe, mais furent presque immédiatement rejetés dans leur territoire. Des troupes de l'Inde débarquèrent au fond du golfe Persique et occupèrent le port de Basra le 21 novembre; elles battirent les Turcs à Kurna, sur le Tigre, le 8 décembre, et les troupes victorieuses occupèrent la plus riche partie du Delta.
L'entrée de la Grande-Bretagne dans la guerre avait donné aux Alliés la maîtrise des mers. Elle rendit facile la conquête des colonies allemandes et interdit aux réservistes allemands et autrichiens d'outremer le retour dans leur pays. Lors de la déclaration de guerre, la moitié environ de la marine marchande allemande se trouvait en mer ou dans les ports étrangers. La suppression du commerce de l'Allemagne et le blocus étroit de ses ports devait, espérait-on, accomplir sa ruine. Toutefois, sa flotte commandait encore la Baltique, lui permettant de faire un commerce prospère avec les états Scandinaves, et même avec le monde extérieur, par l'intermédiaire des ports Scandinaves. La tâche principale de la grande flotte britannique réunie dans la mer du Nord était d'empêcher les escadres allemandes, ou des vaisseaux ennemis isolés, d'atteindre l'Atlantique et de tenir la mer sans se heurter immédiatement à une force britannique supérieure. La première rencontre sérieuse eut lieu dans la Baie d'Héligoland, le 28 août; trois croiseurs et deux contre-torpilleurs allemands furent coulés.
À deux reprises, des escadres légères allemandes firent des incursions sur la côte anglaise. Le 3 novembre, paraissant en vue de Yarmouth, elles causèrent quelques dommages et, le 16 décembre, elles bombardèrent les ports de Scarborough, Hartlepool et Whitby, tuant et blessant de nombreux habitants. Les quelques croiseurs allemands qui sillonnaient encore les mers infligèrent d'assez lourdes pertes à la marine marchande de la Grande-Bretagne et de ses alliés. Le Karlsruhe, le Emden et le Kœnigsberg se signalèrent dans ce rôle. Finalement, le Emden fut détruit par le croiseur australien Sydney, aux îles Cocos, le 9 novembre; quant au Kœnigsberg il fut embouteillé dans la rivière Rufigi en Afrique Orientale allemande, où il fut subséquemment détruit. Le 3 novembre, une petite escadre britannique composée de trois croiseurs rencontra une escadre allemande très supérieure en force en vue du havre de Coronel, sur la côte chilienne. L'amiral allemand von Spee, s'aidant habilement des conditions atmosphériques, réussit à couler le Monmouth et le Good Hope; le troisième vaisseau anglais parvint à s'échapper. Lorsque l'Amirauté eut connaissance de cet événement, elle équipa secrètement une autre escadre de force supérieure qu'elle envoya, sous le commandement de l'amiral Sturdee, à la recherche des vainqueurs. Le 5 décembre au matin, la même escadre allemande, composée de cinq vaisseaux, fut signalée en vue des îles Falkland et, bientôt après, quatre de ses unités étaient coulées, après une valeureuse résistance.
Plusieurs croiseurs et contre-torpilleurs britanniques furent coulés par des sous-marins et, le 27 octobre, l'Audacious, un nouveau super-dreadnought, heurta une mine et sombra en vue de la côte septentrionale de l'Irlande. La marine marchande allemande fut rapidement balayée de la surface des mers, ses navires étant pris ou se réfugiant dans les ports neutres. Les colonies allemandes d'outremer furent vigoureusement attaquées. La colonie de Samoa fut prise le 29 août par une expédition partie de la Nouvelle-Zélande; le 12 septembre, les Australiens s'emparèrent de l'Archipel de Bismarck, et à la fin du même mois, ils occupaient la Terre du Roi Guillaume et l'île de Yap, dans le groupe des Carolines. Les troupes coloniales de l'Afrique Sud anglaise envahirent l'Afrique allemande du sud-ouest. Le Japon déclara la guerre à l'Allemagne le 23 août. En septembre, une armée japonaise, aidée par une petite force britannique, assiégea la forteresse de Tsing-Tao, qui se rendit le 7 novembre. Les Japonais occupèrent aussi les îles Marshall le 6 octobre. Dans l'Afrique Sud une insurrection fomentée par les généraux de Wet et Beyers fut peu après supprimée par les forces coloniales. Au Canada, un noyau d'armée fut rapidement constitué en août 1914, au camp d'entraînement de Valcartier, près de Québec, où ces troupes séjournèrent le temps nécessaire à la réunion des navires qui devaient les transporter et des vaisseaux de guerre qui devaient les escorter; le 14 octobre, cette force, composée d'environ 32,000 hommes, arrivait à Plymouth. Des contingents de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande furent transportés en Égypte. Un nombre considérable de territoriaux britanniques furent envoyés dans l'Inde, rendant disponibles des troupes britanniques et hindoues qui furent envoyées en France. Le dix-neuvième corps de l'armée française, stationné en Algérie, traversa la Méditerranée sans accidents; un grand nombre de troupes indigènes, recrutées dans les possessions françaises de l'Afrique et de l'Asie, furent envoyées en France. Ces mouvements de troupes n'auraient pas été possibles sans l'absolu contrôle des mers.
À la fin de l'année, l'Allemagne avait complètement échoué dans son projet initial de destruction des armées françaises et britanniques, aussi bien que dans sa tentative désespérée d'atteindre les ports de la Manche. Elle avait, cependant, occupé et dévasté la Belgique et restait en possession d'un dixième du territoire de la France, contenant ses plus importantes mines de fer et de charbon et quelques-uns de se plus riches centres industriels. L'Autriche avait vu ses armées écrasées par les Russes et par les Serbes; elle avait perdu la Galicie.