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Histoire de la Grande Guerre, 1914 à 1918 (1919)

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Conditions de paix imposées par les Alliés, 1919

Trente-deux pays alliés furent représentés par des délégués officiels à la conférence qui se réunit à Versailles et siégea pendant près de cinq mois. Les cinq grandes nations alliées et associées, Grande-Bretagne, France, Italie, Japon et États-Unis, y étaient représentées par cinq délégués pour chacune d'elles; les autres nations et les dominions d'outre-mer de la Grande-Bretagne prenant rang de nation y avaient soit un, soit deux ou trois délégués. M. Clémenceau, premier ministre de la France, fut élu président de la conférence. On constitua un Conseil Suprême composé de dix membres, à raison de deux représentants pour chacune des grandes puissances déjà nommées. Subséquemment, ce conseil se divisa et l'on créa un Conseil Exécutif où siégeaient les premiers ministres de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Italie, ainsi que le président, des États-Unis. Le conseil des délégués des puissances associées, se réunit officiellement le 18 janvier 1919, pour considérer les Conditions qui devaient être soumises à la délégation allemande.
L'une des premières mesures prises par cette Conférence fut d'inviter des représentants de toutes les factions politiques russes à se réunir dans l'île du Prince, au Bosphore, en vue de tenter une solution à leurs dissensions intestines. Cette proposition fut positivement rejetée par les bolchévistes; les autres partis russes ne l'accueillirent pas avec plus de faveur. Le 24 janvier, la Conférence décida la constitution d'une Société des Nations et nomma un comité pour en rédiger la constitution. Le 30 janvier, la Conférence décidait que les colonies allemandes conquises et les autres territoires habités par des populations insuffisamment civilisées, seraient administrés par différentes nations, qui recevraient à cet effet un mandat de la Ligue des Nations. On tomba d'accord sur les termes du pacte constitutif de la Ligue des Nations le 14 février. Quelques jours plus tard, le président Wilson s'embarquait pour les États-Unis et M. Clémenceau était victime d'une tentative d'assassinat.

Le 11 avril, la Conférence adopta le rapport de la Commission Internationale du travail. Trois jours plus tard, elle approuva le principe d'exiger de l'Allemagne la réparation de ses crimes.

Le gouvernement allemand fut invité à envoyer des plénipotentiaires à Versailles pour y accepter le traité de paix. Les conditions de la paix avec l'Autriche furent ensuite considérées. Les délégués de l'Italie demandaient que la ville de Fiume leur fut attribuée. Aux termes d'un traité secret conclu entre l'Italie et les autres puissances alliées, antérieurement à l'entrée des États-Unis dans la guerre, il avait été promis à l'Italie certains territoires de la Dalmatie, qui ne comprenaient pas la ville de Fiume. Le président Wilson s'opposa fermement à la cession de cette ville à l'Italie. Le 24 avril les délégués italiens retournèrent à Rome en guise de protestation et ne revinrent à Versailles que le 7 mai. Le 28 avril le projet de constitution de la Ligue des Nations était révisé et on y incorpora formellement la doctrine Monroë.

Les délégués allemands ayant à leur tête le baron von Brockdorff-Rantzau présentèrent leurs lettres de créance le premier mai. Le traité de paix leur fut présenté le 7 mai à Versailles, cette date ayant été choisie à dessein en commémoration de l'anniversaire du torpillage du Lusitania. Le même jour on annonça que la Grande-Bretagne et les États-Unis avaient conclu un traité avec la France, par lequel ces deux puissances s'engageaient à venir au secours de la France si elle était attaquée par l'Allemagne à l'avenir. Tout d'abord, les délégués de l'Allemagne et un grand nombre de leurs concitoyens notables déclarèrent qu'ils ne signeraient pas le traité; le gouvernement allemand proclama une semaine de deuil. Successivement, plusieurs notes furent présentées par la délégation allemande au Conseil Suprême des quatre grandes puissances, sollicitant des adoucissements et protestant contre les conditions imposées. Le 16 mai il fut décidé que le traité deviendrait définitif lorsqu'il aurait été ratifié par l'Allemagne et par trois des puissances alliées. Le 28 mai, le Conseil Suprême reçut la réponse définitive de la délégation allemande, laquelle fut suivie de plusieurs propositions alternatives provenant de la même source. Le 2 juin, les représentants de l'Autriche arrivèrent et, quatre jours plus tard, les Alliés leur faisaient connaître leurs conditions de paix.

Finalement, les délégués allemands signèrent le traité de paix. Les délégués de la Turquie furent invités à retourner chez eux; il semblait inutile pour eux d'espérer que leur pays puisse échapper au démembrement, en raison des atrocités abominables commises par leurs troupes pendant la guerre. Nous donnons ci-dessous une liste des pays qui participèrent à la guerre, avec la date de leur entrée dans le conflit.

Dates d'entrée dans le conflit, des pays qui participèrent à la guerre
Pays Date
Alliés  
Serbie 28 juill. 1914
Russie 1 août 1914
Belgique 2 août 1914
France 3 août 1914
Grande-Bretagne 4 août 1914
Monténégro Août 1914
Japon 23 août 1914
Italie Mai 1915
Albanie Janvier 1916
Portugal Mars 1916
Roumanie Août 1916
États-Unis 6 avril 1917
Cuba 7 avril 1917
Panama 10 avril 1917
Grèce 30 juin 1917
Siam 22 juill. 1917
Libéria 8 août 1917
Chine 16 août 1917
Brésil 27 oct. 1917
Guatemala 24 avril 1918
Costa Rica 27 avril 1918
Nicaragua 8 mai 1918
Haïti 15 juill. 1918
Honduras 19 juill.1918
Ennemies  
Autriche-Hongrie 28 juill. 1914
Allemagne 1er août 1914
Turquie Nov. 1914
Bulgarie Oct. 1915

Le traité fut divisé en quinze chapitres. Le premier chapitre contient le pacte de la Ligue des Nations; le second décrit les nouvelles frontières géographiques de l'Allemagne. Le troisième chapitre, divisé en douze articles, oblige les Allemands à accepter les changements politiques créés en Europe par le traité. Il établit deux nouveaux états : la TchécoSlovaquie et la Pologne; il révise la base de la souveraineté belge et rectifie les frontières de la Belgique; il crée de nouveaux systèmes de gouvernement dans le Luxembourg et dans le bassin de la Sarre. L'Alsace-Lorraine est restituée à la France. L'Allemagne est contrainte de reconnaître l'indépendance de l'Autriche allemande et d'accepter certaines conditions concernant les nouveaux états créés par le mouvement révolutionnaire en Russie. Dans le quatrième chapitre, l'Allemagne fait abandon de ses possessions coloniales et des droits qu'elle pouvait posséder hors de chez elle. Ses colonies sont cédées aux Alliés, ainsi que certains droits dérivant de différentes conventions internationales pour régulariser l'influence européenne dans l'Afrique tropicale. Elle reconnaît le protectorat britannique sur l'Égypte et consent à l'annulation du traité d'Algésiras. Les conditions de paix concernant les forces militaires, navales et aériennes de l'Allemagne font l'objet du cinquième chapitre, qui limite les forces de l'armée et de la marine de l'Allemagne et abolit le service militaire obligatoire en ce pays. Le sixième chapitre oblige toutes les puissances intéressées à entretenir les tombes des soldats tombés à la guerre; il traite aussi de la libération des prisonniers de guerre. Le septième chapitre traite des responsabilités encourues et des châtiments à infliger; il pourvoit au jugement de l'ex-empereur d'Allemagne. Le huitième chapitre est consacré aux conditions de réparation et de restitution exigées de l'Allemagne. Le neuvième chapitre contient les clauses financières se rapportant au chapitre précédent. Le dixième chapitre est relatif aux conditions économiques; il renouvelle d'anciens traités et conventions internationaux concernant les services postaux et télégraphiques, ainsi que l'hygiène. Le onzième chapitre traite de la navigation aérienne. Le douzième chapitre réglemente le contrôle international des ports, canaux, fleuves et chemins de fer, avec des dispositions spéciales pour le contrôle du canal de Kiel. La nouvelle charte du travail fait l'objet du treizième chapitre. Dans le quatorzième, se trouvent stipulées les garanties de l'exécution du traité. Enfin le chapitre quinzième contient un certain nombre de stipulations diverses, y compris l'admission par l'Allemagne des traités de paix subséquents, à conclure avec ses propres alliés, et la confirmation des jugements rendus par les cours des prises. Les derniers articles traitent de la ratification du traité et fixent la date de sa mise en vigueur.

Par ce traité, la Prusse restitue 30,000 milles carrés de territoire, habités par 6,674,000 habitants; le sort futur d'autres territoires prussiens, d'une superficie de 8,600 milles carrés, avec une population d'un million d'habitants, devait être ultérieurement déterminé par des plébiscites. Les anciennes colonies allemandes furent attribuées de la manière suivante : Afrique-orientale allemande, le mandat sera exercé par la Grande-Bretagne. Afrique du sud-ouest allemande, le mandat est conféré à l'Union sud-africaine. Îles de Samoa, le mandat est attribué à la Nouvelle-Zélande. Quant aux autres possessions de l'océan Pacifique, celles au sud de l'équateur (à l'exception des îles Samoa et Nauru) seront administrées par l'Australie. Nauru sera administrée par la Grande-Bretagne et les îles situées au nord de l'équateur seront administrées par le Japon. En ce qui concerne le Togoland et le Cameroun, la France et l'Angleterre s'entendront pour leur administration.

Ce qu’a coûté la guerre

Le nombre de vies humaines qu'a coûté la guerre est vraiment épouvantable. Une évaluation officielle des pertes britanniques a été soumise au Parlement. Voici celles concernant la Marine :

Vies humaines qu'a coûté la guerre, marine
Tués Blessés Disparus
Officiers Hommes Officiers Hommes Officiers Hommes
nombre
2,061 20,197 813 4,081 15 8

Ces chiffres ne comprennent pas les pertes de la division navale, mais ils embrassent celles du Service de l'Aviation Navale jusqu'au premier avril 1918, date à laquelle ce service fut transféré à l'Aviation Militaire.

Pertes de toutes les armées de terre et sur tous les théâtres de la guerre
  Tués Blessés
  Officiers Sous-officiers et soldats Officiers Sous-officiers et soldats
  nombre
Britanniques 30,807 466,831 76,132 1,532,552
Coloniaux et Hindous 7,602 168,703 17,125 421,402
Total 38,409 635,534 93,257 1,953,954
Total 673,943 2,047,211

Tués, d'après le tableau ci-dessus  673,943
Autres décès présumés   97,000
Disparus    64,800
Total des décès présumés, y compris
les décès résultant de blessures et de
toutes autres causes   835,743

Dans ces chiffres figurent les pertes de la Division Navale et du Corps d'Aviation, formant un grand total des pertes résultant de toutes causes, qui atteint 2,882,954.

À partir du premier avril 1918 jusqu'à la date de l'armistice, le Corps d'Aviation a subi les pertes suivantes :

Pertes du Corps d'Aviation
Tués Blessés Disparus (y compris prisonniers) Internés
Officiers Sous-officiers et soldats Officiers Sous-officiers et soldats Officiers Sous-officiers et soldats Officiers Sous-officiers et soldats
nombre
1,551 1,129 2,357 631 1,612 225 45 39

Les raids aériens et les bombardements de l'ennemi ont causé les pertes suivantes, parmi la population civile des Îles Britanniques :

Tués : 1,570Blessés : 4,041

Le chiffre officiel des pertes de la marine militaire française est porté à 5,422 tués et 5,214 disparus.

On dit que l'armée française a perdu 1,098,700 tués et 265,000 disparus, soit 16.2 pour cent de l'immense force mobilisée de 8,410,000 militaires. Le nombre des blessés dans l'armée et dans la marine françaises n'a pas été publié, mais les prisonniers laissés aux mains de l'ennemi furent au nombre de 446,300.

Dans une communication officielle faite à la Commission des réparations de la Conférence de la paix, les pertes italiennes ont été établies de la manière suivante :

Pertes italiennes
  Armée Marine
  nombre
Tués 462,391 3,169
Blessés 953,886 5,252

La moitié des blessés appartenant à l'armée sont considérés comme atteints d'infirmités permanentes; le nombre total des hommes ayant dû quitter les rangs fut de 4,385,487, y compris 2,400,000 malades.

On a évalué les pertes russes à 1,700,000 tués, 4,050,000 blessés, 2,500,000 prisonniers, formant un total de 8,150,000. Les Américains ont perdu : morts 53,169; blessés 179,625; prisonniers 2,163; disparus 1,160; total 236,117. Il a été dit que les pertes subies par les Allemands comprenaient : morts 1,600,000; disparus 103,000; prisonniers 618,000; blessés 4,064,000; total 6,385,000.

Les pertes des Autrichiens, en tués et blessés, ont été estimées à 4,000,000, dont 800,000 tués. Les pertes des autres nations n'ont pas été officiellement publiées.

Les pertes matérielles défient toute computation; cependant une communication faite à la Commission du Budget de la Chambre des Députés française indiquait que les dommages soufferts par ce pays atteignaient le total de 119,801,000,000 francs se décomposant ainsi : propriétés immobilières détruites 35,446,000,000 francs; valeurs mobilières, meubles, bestiaux, machines et matériel 32,352,000,000 francs; matières premières et denrées 28,861,000,000 francs; pertes subies par le commerce et pertes de revenu 23,242,000,000 francs.