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Les Allemands ayant prélevé sur le front occidental de nombreux corps de troupes pour les diriger sur le front russe et le front roumain, ils s'étaient maintenus sur la défensive, en France, dans l'automne de 1916. En janvier 1917, la température fut douce et pluvieuse; la boue s'opposa aux opérations militaires sur une grande échelle, néanmoins des opérations de moindre envergure continuèrent sur différentes parties du front. L'armée britannique occupa un nouveau secteur dans le saillant de la Somme, entre Bapaume et Péronne, ce qui donna à son front une étendue de cent milles. Au début de février le temps fut exceptionnellement froid, circonstance qui retarda l'offensive qu'elle projetait. Elle attaqua avec succès, le 17 février, en face de Miraumont, des deux côtés de l'Ancre; Serre, position d'une certaine importance, fut enlevée le 25 février et trois jours plus tard les postes avancés de l'armée britannique n'étaient plus qu'à deux milles de Bapaume. Le 9 mars, Irles, près de Péronne, fut pris sans beaucoup de résistance, et il devint évident que les Allemands se retiraient lentement et d'une manière méthodique. Bapaume fut occupé le 16 mars, Péronne et Chaulnes le 18. Les arrière-gardes allemandes furent harassées par la cavalerie anglaise, mais les troupes en retraite, au fur et à mesure qu'elles se retiraient, détruisaient les routes, les bâtiments, les arbres, ne laissant derrière elles qu'un désert. Leurs nouvelles positions passaient par Cambrai, St Quentin et Laon; elles rétrécissaient leur ancienne ligne de vingt-cinq milles, et étaient beaucoup plus fortes. Leur évacuation libéra un territoire de six cents milles carrés, contenant quelques villes assez importantes. La brigade de cavalerie canadienne, avec trois batteries d'artillerie à cheval canadienne, formant partie du quinzième corps britannique, se distingua au cours de ces combats. Les Allemands ne firent pas mystère de reconnaître que la raison principale de leur retraite était de contrarier les plans d'offensive formés par les Alliés, et ils dévastèrent le pays évacué d'une manière systématique et impitoyable pour ralentir la poursuite. Les Alliés attaquèrent les points de support sur lesquels la retraite allemande s'était appuyée; les principaux objectifs choisis par les armées britanniques furent Arras et Lens; les Français marchèrent sur Laon. Le 9 avril au matin, après deux jours de bombardement intense, l'armée britannique se porta à l'attaque sur un front de onze milles, près de Givenchy, au sud d'Arras. Les premières lignes allemandes furent prises sans beaucoup de pertes. Le même jour, le corps canadien attaquait et enlevait les positions dominantes de la falaise de Vimy, au nord de Lens, positions qui avaient déjà résisté à deux assauts précédents et que les Allemands croyaient inexpugnables. Les défenseurs s'accrochèrent désespérément à plusieurs points favorables à la défense et résistèrent jusqu'au 11; ce jour-là les Canadiens atteignirent le sommet de l'extrémité septentrionale de la crête et s'avancèrent graduellement vers le versant oriental. En même temps, d'autres troupes britanniques s'avançaient le long de la route de Bapaume à Cambrai, chassant devant elles les arrière-gardes allemandes. Le 23 avril, une autre attaque lancée près d'Arras fut également fructueuse. Elle rapporta beaucoup de terrain et 3,000 prisonniers.
Le 16 avril, les Français emportèrent les positions allemandes sur un front de vingt-cinq milles, entre Soissons et Reims, pénétrant jusqu'à une profondeur de deux milles, prenant 10,000 prisonniers et de nombreux canons. Ils continuèrent à gagner du terrain pendant les deux jours suivants et repoussèrent toutes les contre-attaques. Le 23 avril, les Anglais attaquèrent sur un front de huit milles entre Vimy et Croisilles; quoique sept divisions allemandes leur fussent opposées, ils gagnèrent du terrain sur tous les points. Les Français reprirent leur offensive le 4 et 5 mai contre les positions allemandes le long du Chemin des Dames, plateau au nord de l'Aisne. La ville de Craonne fut enlevée, mais au sud l'attaque échoua avec pertes. Entre le 9 avril et le 12 mai, les Alliés s'emparèrent de cinquante mille prisonniers et de quatre cent quarante-quatre canons, de près d'un millier de mitrailleuses et de nombreux mortiers de tranchées. Le 15 mai, le général Pétain qui s'était illustré par la défense de Verdun, fut nommé commandant en chef des armées françaises opérant en France, à la place du général Nivelle qui prit le commandement d'un groupe d'armées, sous ses ordres. Le général Foeh, qui était sans emploi depuis près de six mois, succéda au général Pétain comme chef d'état-major. De rudes combats furent livrés près d'Arras, où les Allemands lancèrent de violentes contre-attaques sur les troupes britanniques. Le soir du 9 mai, une division australienne occupa le saillant près de Bullecourt, mais elle en fut chassée partiellement le lendemain; finalement, cette position fut prise par les Australiens le 17. Le changement qui venait de se produire dans le commandement des arméses françaises encouragea les Allemands à se porter à l'attaque des positions qu'ils avaient récemment perdues le long du Chemin des Dames, mais ils n'obtinrent qu'un résultat insignifiant et furent d'autre part expulsés des hauteurs dominant la vallée de l'Ailette. Le 7 juin, à l'aube, les Anglais attaquaient sur un front de neuf milles dans le saillant au sud d'Ypres.
La crête s'étendant entre Messines et Wytschaete avait été solidement fortifiée par trois lignes de retranchements, protégées par d'épais réseaux de fil de fer barbelé et de nombreux emplacements de mitrailleuses. Dix-neuf mines avaient été creusées profondément sous cette crête par les troupes du génie de l'armée britannique et chargées de centaines de tonnes de puissants explosifs. Pendant les deux semaines qui précédèrent l'attaque, un feu roulant d'artillerie, dirigé au moyen des avions de réglage, avait été maintenu contre les positions allemandes et avait presque réduit leur artillerie au silence. Les mines furent allumées simultanément; leurs décharges produisirent une secousse qui fut ressentie à Londres; elles formèrent des cratères d'une grande largeur et dont quelques-uns avaient une profondeur de quatre-vingts pieds. Sous le couvert de la fumée, l'infanterie s'avança immédiatement et emporta la première ligne en quelques minutes, les vagues d'assaut se portant immédiatement contre la seconde ligne. Les garnisons des deux villages continuèrent à résister obstinément jusqu'à l'après-midi, mais le reste de la position fut occupé presque dès l'aube, c'est-à-dire lorsque les assaillants pénétrèrent la troisième ligne des positions. Au cours de la nuit suivante, de violentes contre-attaques furent repoussées et, près de Souchez, on s'empara de deux milles de tranchées. Près de sept mille prisonniers et vingt canons avaient été pris.
Les Alliés avaient acquis un ascendant décisif dans l'air et adopté une méthode systématique de harasser les Allemands et d'user leur résistance par des raids et des attaques soudaines sur différentes parties de leur ligne. Les Anglais avaient concentré une grande quantité d'artillerie près de Lens, sur un front étroit, et ils effectuèrent un violent bombardement qui se continua jusqu'à la fin de juin. On réalisait constamment de petits gains de terrain, mais les Allemands résistaient opiniâtrement, s'appuyant sur des positions dissimulées parmi les monticules formés par l'amoncellement du schiste et autres déchets des mines, qui sont très nombreux dans cette localité. Des troupes britanniques avaient également occupé le secteur le plus rapproché du littoral, mais un bombardement puissant endommagea leurs tranchées et détruisit les ponts qu'elles avaient jetés sur l'Yser. Par une attaque exécutée avec des forces supérieures, les Allemands réussirent à s'emparer d'un détachement de troupes qui se trouvait de l'autre côté de b rivière, et dont la retraite était coupée. Le 22 juillet une attaque soudaine lancée par le corps canadien lui donna la possession de six cents verges de tranchées, au sud de Lens. Vers la fin de juillet, les Allemands prirent l'offensive sur le front français le long du Chemin des Dames, employant à cet effet des troupes spécialement choisies et entraînées, dites « de choc », qui gagnèrent quelque terrain, mais le reperdirent ensuite. Le 31 juillet, une attaque combinée par les troupes françaises et britanniques se déclencha sur un front de vingt milles, précédée d'un bombardement formidable au cours duquel les obus à gaz furent employés en grande abondance. La première ligne allemande fut rendue intenable, mais ses occupants prirent promptement refuge dans des trous d'obus et dans les positions préparées pour les mitrailleuses, d'où ils firent une résistance désespérée. Toutefois la plus grande partie de leur seconde ligne fut emportée et la troisième ligne pénétrée. Des contre-attaques déterminées leur rendirent une partie du terrain perdu. Ensuite, de fortes pluies entravèrent considérablement la continuation des opérations. Le corps canadien accomplit de nouveaux exploits près de Lens. Le 15 août, les première et deuxième divisions canadiennes, s'avançant sur un front de deux milles, occupèrent la côte 70 et gagnèrent d'autre terpine; en certains endroits leur avance atteignait deux milles. Elles repoussèrent de violentes contre-attaques et continuèrent à se rapprocher de cette ville, localité de grande importance à cause de ses riches mines de charbon, d'où les Allemands avaient extrait de grandes quantités de combustible. Plusieurs de ses faubourgs furent évacués par les Allemands et occupés par les avant-gardes britanniques. Une attaque des Alliés près d'Ypres, précédée par un grand nombre de chars d'assaut, fut également heureuse et permit une avance sensible; mais dans la dernière partie du mois d'août les pluies inondèrent la plaine et les opérations durent être suspendues. L'offensive fut renouvelée par les Anglais près de St Julien le 18 septembre, après un bombardement prolongé. Sous la protection d'un rideau de feu dévastateur, qui s'allongeait au fur et à mesure de la marche de l'infanterie, plusieurs fortes positions allemandes furent aisément prises, puis organisées défensivement; quelques jours plus tard, les contre-attaques dirigées sur ces tranchées furent repoussées. Le 4 octobre une autre offensive sur un front de neuf milles fit gagner d'autre terrain dans la direction des hauteurs de Passchendaele, et cinq jours plus tard une attaque combinée avec les Français permit de s'avancer à l'ouest de ce point. Le 23 octobre, les Français reprirent leur offensive dans le voisinage de Laon, s'emparant du fort de Malmaison et de plusieurs villages fortifiés, ainsi que de carrières situées dans le voisinage, faisant huit mille prisonniers. Ils occupèrent ainsi d'importantes positions d'artillerie sur lesquelles ils amenèrent des canons, et dirigèrent un feu d'enfilade sur d'autres retranchements allemands qui furent abandonnés peu de jours après, lorsque les Allemands repassèrent l'Ailette, détruisant les ponts derrière eux.
Sir Julian Byng fut nommé au commandement de la deuxième armée britannique et Sir Arthur Currie lui succéda dans le commandement du corps canadien, le 9 juin.
Le corps canadien releva les divisions de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande qui occupaient le secteur de Passchendaele. Après la préparation usuelle d'un bombardement violent, l'assaut fut donné avec succès aux positions allemandes les 26 et 30 octobre par les troisième et quatrième divisions, et les 6 et 10 novembre par les première et deuxième divisions canadiennes, cette dernière enlevant les hauteurs au nord-est du village de Passchendaele. Ces gains ne purent être réalisés qu'au prix de combats terribles, dans lesquels les troupes canadiennes perdirent près de quinze mille hommes.
Ayant soudainement fait converger sur sa droite une force considérable, le général anglais lança une attaque brusquée près de Cambrai, sur la fameuse ligne Hindenbourg. Sous le couvert de la nuit, de nombreux régiments avaient été secrètement massés dans une position avancée. Cette attaque ne fut précédée ni par le feu de l'artillerie ni par des raids de tranchées. Le mouvement de sept divisions d'infanterie fut précédé par la mise en marche de trois cent soixante chars d'assaut, qui s'ébranlèrent au lever du jour, le 21 novembre. Ces puissantes machines se frayèrent un chemin à travers tous les obstacles défensifs accumulés par les Allemands; ils rampaient au-dessus de leurs tranchées, avant que les Allemands aient pu mettre leurs pièces en position pour les arrêter. Ils ouvrirent un chemin à l'infanterie qui les suivait et détruisirent, tout en s'avançant, nombre d'emplacements de mitrailleuses, par un feu d'enfilade. Deux lignes de tranchées allemandes furent prises sur un front de dix milles, et une profondeur de cinq milles en certains endroits. Près de dix mille prisonniers et plus de cent canons, pièces lourdes et pièces de campagne, furent le butin des vainqueurs. Le lendemain matin, les Allemands reprirent le bois de Bourlon, point extrême atteint par les troupes britanniques dans la direction de Cambrai, dont les arbres empêchaient les évolutions des chars d'assaut. Au cours des trois jours suivants, la plus importante partie de cette forêt ainsi que le village voisin furent pris par les Anglais, mais ils furent impuissants à s'avancer plus loin, l'ennemi ayant amené une force supérieure d'artillerie et d'infanterie, qui finalement s'établit dans le village.
Deux divisions de cavalerie anglaise et deux brigades de cavalerie hindoue, ainsi qu'un grand nombre de batteries d'artillerie à cheval, avaient été massées en arrière des troupes d'assaut; si ces dernières avaient réussi à occuper la dernière ligne de retranchements au delà du canal de l'Escaut, entre Marcoing et Masnières, ces troupes devaient se précipiter dans la trouée et s'avancer sur Cambrai, dans deux directions. Un escadron du régiment canadien Fort Garry réussit à passer le canal sur un pont provisoire, près de Masnières et sous le feu des mitrailleuses, avant que l'on put savoir que l'infanterie avait échoué dans sa tentative de s'emparer des hauteurs. Ces cavaliers chargèrent, prirent une batterie de campagne allemande et subirent le feu terrible d'une nuée de mitrailleuses, sous lequel de nombreux officiers et hommes furent tués ou blessés. Le crépuscule commençait à tomber; ils cherchèrent à s'abriter dans un chemin creux, où ils restèrent jusqu'à ce qu'ils eussent acquis la certitude qu'ils n'étaient pas suivis. Alors, ils abandonnèrent leurs chevaux et les survivants de l'escadron revinrent à pied. Le lieutenant H. Strachan et quarante-trois cavaliers réussirent à regagner leurs lignes, ramenant avec eux quelques prisonniers; ils étaient partis cent vingt-trois. Durant cette retraite, ils furent obligés de se frayer un chemin la plupart du temps à l'arme blanche, dispersant plusieurs détachements ennemis qui leur barraient la route. La Croix de Victoria récompensa la bravoure et les mérites du Lieutenant Strachan dans cette circonstance mémorable.
Le surplus de cette masse de cavalerie fut retenu immobile et la trouée projetée ne fut jamais tentée. Après l'insuccès de leurs dernières contre-attaques près de Bourlon, les Allemands accomplirent un effort soudain et beaucoup plus heureux sur un front de sept milles, dans la boucle de la rivière entre Masnières et Villers-Guislain, où cette attaque était inattendue. À ce point la première ligne, fortement organisée, était légèrement tenue et de fortes masses d'infanterie s'en emparèrent sur un front de trois milles. Ils poussèrent rapidement en avant, saisirent une portion de la voie ferrée, et occupèrent les villages de Villers-Guislain, Gouzeaucourt et Gonnelieu. La cavalerie anglaise, la cavalerie hindoue et l'artillerie à cheval furent appelées en toute hâte et arrêtèrent l'offensive allemande. Contre ces troupes, les Allemands lancèrent des assauts fréquents et désespérés, mais ils furent repoussés, l'infanterie étant venue à la rescousse. Gouzeaucourt et Gonnelieu furent repris, mais le premier décembre les troupes britanniques se retirèrent sur une position plus forte, derrière l'Escaut, à Masnières. Dans ces parages, les combats se continuèrent jusqu'au milieu de décembre, sans que la situation fut sensiblement modifiée. Les Allemands annoncèrent la prise de six mille prisonniers et de soixante canons dans cette offensive et réoccupèrent environ un tiers du terrain qu'ils avaient perdu. Le 25 novembre, les Français attaquèrent et gagnèrent un terrain considérable au nord de Verdun. Les succès importants remportés par les Autrichiens et les Allemands sur la frontière italienne déterminèrent l'envoi de corps considérables de troupes françaises et britanniques sur ce théâtre de la guerre. En conséquence, leurs opérations offensives furent suspendues. Vers la fin de l'année, les Allemands reçurent des renforts, ce qui fit présager une offensive prochaine de leur part.
Une offensive des Italiens, effectuée le 3 mars dans le Trentin, leur valut quelques gains légers. Le 12 mai, ils commencèrent un bombardement sur un front de trente milles, dans le voisinage de Goritz, et un combat de cinq jours se termina par la prise de plusieurs fortes positions autrichiennes et d'environ sept mille prisonniers. Dans cette opération, les Italiens furent puissamment l’idée par l'artillerie lourde britannique. Le 24 mai ils s'emparèrent d'une autre série de tranchées sur le plateau du Carso, faisant neuf mille prisonniers. Pendant plusieurs jours la bataille se continua, d'une manière indécise, mais le 5 juin les Autrichiens lancèrent avec succès des contre-attaques au sud de Jamiano, faisant près de dix mille prisonniers. Une autre attaque des Autrichiens tentée à l'est de Goritz, le 14 juillet, fut repoussée avec de lourdes pertes, puis pendant plusieurs semaines les opérations languirent. Le 19 août, les Italiens commencèrent une autre formidable offensive sur le haut Isonzo, aidés par le feu de deux mille canons, répartis sur un front de trente-sept milles. Sous le couvert d'un épais brouillard, des ponts furent jetés sur la rivière en différents points et les troupes la franchirent. De nombreuses escadrilles d'aéroplanes, se composant de deux cent cinquante machines, volèrent au-dessus des lignes autrichiennes et bombardèrent les troupes de réserve massées à l'arrière. La première ligne de tranchées fut enlevée et en deux jours de combats, les Italiens firent treize mille prisonniers. Subséquemment, les Autrichiens évacuèrent plusieurs fortes positions, mais conservèrent obstinément leur terrain en avant de Goritz. C'est alors que plusieurs divisions allemandes et turques arrivèrent à leur secours et réussirent par leurs contre-attaques à reprendre une grande partie du terrain perdu. Pendant la première et la seconde semaines de septembre, une force extrêmement nombreuse et bien organisée, contenant dix divisions de soldats allemands vétérans, fut réunie en vue d'un renouvellement de cette offensive. En même temps une progagande subtile et, malheureusement, fructueuse fut exercée parmi les soldats italiens. Après un bombardement bref mais très effectif des positions italiennes, l'attaque fut déclanchée sur un front de dix-neuf milles; les Italiens, surpris, furent forcés de se retirer précipitamment au delà de l'Isonzo, laissant à l'ennemi dix mille prisonniers. Ils furent poursuivis avec une grande énergie et beaucoup d'activité, la nouvelle position italienne étant, peu après, débordée et menacée d'enveloppement. Le 28 octobre, les Autrichiens reprirent Goritz. Au cours de cette poursuite, les armées italiennes furent constamment menacées sur leurs flancs et obligées d'abandonner successivement de fortes positions dans lesquelles elles s'étaient efforcées de retarder l'avance de l'ennemi. La frontière italienne fut traversée et les envahisseurs occupèrent Udine le 29 octobre; les armées italiennes désorganisées se retirèrent derrière le Tagliamento. Pendant cinq jours, elles défendirent avec succès cette position, mais leurs têtes de pont ayant été détruites par l'artillerie ennemie, les troupes austro-allemande travertèrent la rivière. Les Italiens se retirèrent alors derrière le Livenzp, un autre cours d'eau parallèle, et enfin sur la ligne de la Pisve. Cette série d'opérations porta le nom de bataille de Caporetto; on annonça de Berlin la prise de cent quatre-vingt mille prisonniers et de mille cinq cents canons.
Le 21 novembre les Autrichiens obtinrent un autre succès considérable sur la haute Piave, aux environs de Bellune, où ils cernèrent et firent prisonnier un corps de quatorze mille Italiens. Le général en chef Cadorna fut remplacé par le général Eiaz et l'on établit un conseil de guerre composé des généraux Cadorna, Foch et sir H. H. Wilson. Les troupes françaises et britanniques envoyées de France en toute, hâte arrivèrent, accompagnées d'une artillerie imposante, et une forte ligne défensive fut organisée derrière la Piave. Les efforts répétés des Autrichiens qui s'efforçaient de traverser cette rivière furent repoussés, et quelques détachements qui avaient réussi à passer sur l'autre rive en furent chassés avec de lourdes pertes. Les canonnières britanniques détruisirent les ponts sur la ligne autrichienne de communication dans le delta de la Piave. Le 5 décembre, les troupes allemandes renouvelèrent leurs efforts pour tourner la ligne italienne par le nord; elles réussirent à s'emparer de plusieurs fortes positions et d'un nombre considérable de prisonniers. Entre la Brenta et la Piave, toutes les attaques des Autrichiens furent repoussées avec pertes, si bien que, malgré leur avance considérable sur d'autres fronts, ils demeurèrent impuissants à atteindre la plaine italienne, et à tourner la ligne de la Piave.
Le général von Mackensen, continuant son avance, poussa devant lui les Russes et les Roumains, les rejetant au delà du Sereth, puis du Danube, avec de lourdes pertes et s'empara de Focsani le 8 janvier. Quelques jours plus tard, son armée occupa d'autres positions fortifiées du voisinage. L'armée roumaine était presque détruite et la Roumanie conquise. Pendant toute la durée du mois de janvier, des combats décousus se livrèrent le long de la rivière Aa et dans la contrée marécageuse qui avoisine Riga; d'autre part, les forces austro-allemande déployèrent une activité considérable en Galicie et en Volhynie.
Le 15 mars, un télégramme de Pétrograd annonçait la chute du gouvernement impérial et la formation d'un gouvernement révolutionnaire provisoire. Le 6 avril, les Allemands se portèrent à l'attaque de la tête de pont de Toboly, qu'ils occupèrent; une semaine plus tard la forteresse de Brody fut bombardée et les Russes se retirèrent derrière le Styr, détruisant tous les ponts derrière eux. Les Allemands suspendirent alors leurs opérations et essayèrent de se créer des relations amicales avec les troupes russes dans l'espoir de conclure une paix séparée. Les officiers russes, malgré tous leurs efforts, n'arrivèrent même pas à maintenir un semblant de discipline. Des proclamations, émanant du gouvernement révolutionnaire, invitèrent les soldats à cesser de saluer leurs officiers et à décider, par un vote, s'ils devaient exécuter ou non les ordres qu'ils en recevaient. En guise de protestation contre l'ingérence du Conseil des Ouvriers et des Soldats dans les opérations militaires, trois généraux de grande distinction démissionnèrent. En juin le nouveau ministre de la guerre, Kerensky, parcourut le front, harangua les troupes avec feu et celles-ci votèrent la reprise des hostilités. Le premier juillet, les troupes russes partant de Tarnopol s'avancèrent dans la direction de Lemberg, obligeant l'armée austro-allemande à reculer et lui faisant de nombreux prisonniers. Elles prirent Halicz le 10 juillet, mais des pluies persistantes les empêchèrent de poursuivre la garnison autrichienne, qui se retira derrière la rivière Lomnica. Le 9 juillet une vigoureuse contre-attaque austro-allemande se manifesta et eut une complète réussite, car de nombreux régiments russes se retirèrent sans combattre, refusant d'obéir à leurs chefs. Les Autrichiens prirent Tarnopol le 24 juillet et traversèrent le Sereth sans opposition. Le gouvernement russe rétablit la peine de mort contre les déserteurs et prit d'énergiques mesures pour restaurer la discipline. Le 3 août les Russes évacuèrent Czernowitz, abandonnant entièrement la province de la Bukovine. Le 2 septembre, les Allemands traversèrent la Dvina; en même temps la garnison russe évacuait Riga et battait en retraite le long du littoral de la Baltique. La flotte allemande contribua à sa poursuite et un important matériel de guerre fut abandonné par les troupes en retraite. Le général Korniloff, qui commandait l'une des armées russes, marcha dans la direction de Pétrograd avec l'intention déclarée de renverser le gouvernement, mais sa tentative échoua et il fut fait prisonnier. Une république russe fut proclamée le 14 septembre, avec Kerensky comme premier ministre, mais ce gouvernement fut renversé le 8 novembre par les Bolchévistes, qui s'étaient prononcés en faveur d'un armistice et d'une paix séparée avec l'Allemagne. Pendant ce temps les Allemands avaient pris Jacobstadt le 21 septembre et occupé les îles qui se trouvent à l'entrée du golfe de Riga, les 12 et 13 octobre. Peu après son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement russe ouvrit des négociations avec les puissances centrales, leur demandant un armistice.
Pendant les premiers mois de l'année, les flottes alliées avaient maintenu un blocus étroit des ports grecs. Des opérations militaires de minime importance s'effectuèrent en Macédoine et en Serbie. Les Italiens gagnèrent du terrain en Albanie, dont ils occupèrent la capitale le 10 juin. Deux jours plus tard, le roi Constantin de Grèce abdiqua en faveur de son second fils, partisan des Alliés. Peu de temps après, Athènes et les autres villes grecques furent occupées par des troupes alliées. Les Français envoyèrent une commission militaire pour organiser et entraîner l'armée grecque, en vue de son active participation à la guerre.
Un corps d'armée britannique marchait sur Bagdad en remontant le cours du Tigre. Les Turcs, contraints d'abandonner Kut le 24 février, furent vigoureusement poursuivis par la cavalerie anglo-hindoues qui leur prit de nombreux prisonniers et beaucoup de canons. Une grande quantité de matériel expédié d'Allemagne pour la construction du chemin de fer de Bagdad tomba aux mains des poursuivants. Le général F. S. Maude, qui avait succédé à sir Percy Lake dans le commandement de cette armée britannique, remonta le fleuve avec une grande rapidité, battant les Turcs dans plusieurs actions d'arrière-garde. Bagdad fut pris le 11 mars avec la plus grande partie de l'artillerie turque. En même temps un détachement russe arrivait de l'ouest, à travers la Perse, pour coopérer à ce mouvement. Le dix-huitième corps d'armée turc fut battu par le général Maude, qui occupa le 23 avril l'extrémité de la voie ferrée en construction, puis la chaleur rendit presque impossible la poursuite des opérations. Une division de troupes australiennes venant de la péninsule du Sinaï entra dans la Palestine au commencement de mars; le 22 avril, elle arrivait en face d'une forte position turque couvrant Gaza, qui l'arrêta pendant deux mois. Au commencement de juillet, le général sir E. H. Allenby prit le commandement de cette colonne. La cavalerie turque fut battue près de Beersheba le 19 juillet, mais cette ville ne put être prise qu'à la fin d'octobre, lorsque les opérations furent renouvelées avec une grande vigueur. Dans la nuit du 7 novembre, la position qu'occupaient les Turcs à Gaza fut tournée par la cavalerie, et l'armée britannique s'avança sur deux colonnes, l'une suivant le littoral de la Méditerranée et l'autre partant de Beersheba. Jaffa fut prise par les Australiens le 17 novembre. Trois jours plus tard une nouvelle position turque, à cinq milles en avant de Jérusalem, fut emportée d'assaut. Cette ville fut graduellement investie et obligée de se rendre le 9 décembre. Ces opérations produisirent un effet moral très grand sur les populations mahométanes, et tout danger d'une attaque contre le canal de Suez fut entièrement dissipé.
Une division des troupes hindoues débarqua dans l'Afrique-orientale allemande le 10 juin et prit part aux opérations oui se poursuivirent dans cette colonie pendant le reste de l'année. Au commencement de décembre, le général Vandeventer, commandant les troupes britanniques, annonça que la conquête de la colonie était achevée, les débris des forces allemandes étant entrées en territoire portugais, où il se proposait de les poursuivre.
La grande flotte allemande restait à l'ancre dans le canal de Kiel, protégée par les puissantes défenses qui en gardent les approches. Les rares actions navales qui eurent lieu mirent aux prises des unités occupées à la patrouille des mers ou engagées dans quelques raids. Les sous-marins allemands montraient une activité croissante et causaient des pertes énormes. Le premier février, les Allemands mirent en vigueur leur politique de guerre sous-marine à outrance, qui devait, croyaient-ils, leur apporter la victoire qu'ils n'avaient pas réussi à gagner sur terre. Dix vaisseaux furent coulés ce jour-là. Durant le cours de l'année un cuirassé russe et un cuirassé anglais, plusieurs croiseurs anglais, des contre-torpilleurs, des vaisseaux hôpitaux, des transports de troupes et un grand nombre de navires marchands furent coulés, de la sorte. Une quantité innombrable de petits navires de toutes sortes, spécialement armés, étaient constamment occupés à rechercher les sous-marins et à leur donner la chasse. Un grand nombre de ceux-ci furent détruits, quoique les détails de ces rencontres n'aient pas été communiqués aux journaux. Un croiseur allemand réussit à retourner à sa base, après avoir détruit plusieurs navires marchands. Le 12 mai une escadre anglaise bombarda Zeebruge et une autre bombarda les docks et le havre d'Ostende le 22 septembre. Deux contre-torpilleurs allemands, qui tentaient un raid contre Douvres, furent coulés le 21 avril. Un sous-marin allemand bombarda Scarborough le 4 septembre et put s'échapper.
Dès que le gouvernement allemand eut annoncé l'adoption de sa méthode de guerre sous-marine à outrance, le 1er février, une crise se produisit immédiatement dans ses relations avec les États-Unis. Le lendemain, l'ambassadeur d'Allemagne recevait ses passeports. Toutes relations diplomatiques furent rompues et le président exposa la situation au Congrès, avec une force convaincante. Le 6 avril, le Congrès adoptait une résolution proclamant l'existence de l'état de guerre avec l'Allemagne. Les ports des États-Unis furent ouverts aux flottes alliées et la marine militaire de ce pays placé sur le pied de guerre. Tous les vaisseaux allemands internés furent saisis. Le 14 avril, le Congrès vota un crédit de guerre de sept billions de dollars et autorisa le prêt de trois billions de dollars aux nations alliées. Une loi de conscription militaire fut passée, puis sanctionnée par le président, le 18 mai; cette loi obligeait tous les hommes de 21 à 30 ans à s'enregistrer avant le 5 juin. On prit immédiatement les mesures nécessaires pour recruter et entraîner un million d'hommes, et l'on construisit rapidement de grands camps pour les recevoir. À une mission franco-anglaise qui se rendit en ce pays, les autorités déclarèrent qu'une division de l'armée régulière serait envoyée en France à une date rapprochée; le 22 juin on annonça que ces troupes venaient d'arriver sans accident. Successivement, d'autres contingents suivirent; le mouvement des troupes composant la Garde Nationale commença le 15 octobre et dura tout le reste de l'année. Dès la fin d'octobre, quelques bataillons d'infanterie des troupes des États-Unis entrèrent dans les tranchées du front français pour y recevoir le baptême du feu. Leurs premières pertes furent subies le 3 novembre, lors d'une attaque par les troupes « de choc » allemandes.
Jusqu'alors les quatre divisions de l'armée canadienne en campagne avaient été maintenues à effectifs complets, par l'enrôlement volontaire, sans beaucoup de difficulté; toutefois le recrutement déclina et, au commencement de l'année, il devint évident que l'on ne pouvait compter avec certitude sur cette source pour maintenir au complet le contingent canadien. Outre le corps d'armée et les troupes de renforts à l'entraînement en Angleterre, on avait organisé plusieurs bataillons d'unités forestières et de chemins de fer, qui étaient employés sous les ordres des quartiers généraux. De nombreux réservistes du Royaume-Uni vivant au Canada avaient rejoint leur régiment au commencement de la guerre; de plus un grand nombre de Canadiens s'étaient enrôlés dans l'aviation britannique, dans l'aviation navale et dans le service auxiliaire de patrouille des côtes. Un état, mis à jour le 15 novembre, portait à 441,862 le nombre total des hommes enrôlés dans l'armée canadienne depuis le commencement de la guerre. Un projet de loi sur le service militaire obligatoire fut proposé au Parlement le 11 août et adopté le 29 du même mois. Cette loi pourvoyait à la levée de cent mille hommes, les premiers échelons de cette levée devant rejoindre leur corps le 2 janvier 1918. Une taxe de guerre sur le revenu fut également imposée. Le 12 octobre, le ministère fut réorganisé et prit le nom de Gouvernement Unioniste; une élection générale qui eut lieu le 17 décembre donna à la nouvelle administration une majorité imposante. Les souscriptions de la population aux œuvres de guerre augmentèrent considérablement pendant l'année. Le 21 juin on avait nommé un contrôleur des vivres, qui réglementa la vente et la distribution de différents produits alimentaires; le prix du blé fut fixé; il resta immuable jusqu'au 31 août 1918. Un arrêté ministériel pris le 22 décembre, sous l'autorité de la loi des mesures de guerre, prohiba l'importation au Canada des boissons spiritueuses à partir du 24 décembre 1917.
Les contingents de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande furent entretenus au moyen d'enrôlements volontaires, au prix des plus grands efforts. On dut adopter différentes méthodes de pression indirecte pour stimuler le recrutement. On inaugura en Australie une taxe sur les célibataires, obligeant ceux-ci et les veufs sans enfants, d'âge militaire, ne s'étant pas enrôlés, à payer dix pour cent de leur revenu imposable, outre l'impôt ordinaire sur le revenu. Le Parlement Fédéral imposa aussi une taxe sur les bénéfices de guerre. Le gouvernement de l'Inde maintint son armée à effectifs complets et souscrivit cent millions de livres pour défrayer le coût de la guerre. De nombreux princes régnants ou chefs firent de généreux dons en argent.
En Autriche-Hongrie, la pénurie d'aliments causait de grandes souffrances et créait un mécontentement extrême. En Bohême et en Hongrie des manifestations bruyantes de la population se transformaient en émeutes, où le sang coulait.
Le chancelier allemand dut démissionner, entraînant dans sa retraite le Ministre des Affaires Étrangères de l'Empire et le Ministre de la Guerre prussien. La ration de pain ayant été réduite, le peuple furieux se livra à de violentes manifestations. Six sept mille ouvriers des usines Krupp, à Essen, se mirent en grève; de nombreuses autres grèves se produisirent dans les régions industrielles du pays. À Berlin, les émeutiers demandaient du pain. En décembre, le principal organe du parti socialiste ne craignait pas de dire que quarante millions de personnes étaient à la veille de périr de faim et que l'on pouvait s'attendre, à tout moment, à une catastrophe.
Le ministère français avait été deux fois reconstitué; le 15 novembre, M. Clémenceau appelé à prendre le pouvoir, réussit à constituer un solide cabinet. Les privations du peuple français ne cessaient de s'accroître par la raréfaction des denrées, mais il les supportait avec patience et courage. Une grève sérieuse avait lieu aux usines métallurgiques d'Harfleur; d'autres grèves de moindre importance étaient signalées ailleurs.
En Italie, le manque de nourriture était exploité par les adversaires du gouvernement, qui lui suscitaient de graves embarras. La défaite de l'armée italienne suivie de l'invasion du territoire italien, avait jeté l'alarme et faillit amener la chute du ministère.
En Grande-Bretagne, le problème le plus important à résoudre était la répartition des denrées alimentaires, selon les besoins du peuple. Des règlements sévères furent établis, régissant la fabrication de la farine et la consommation du sucre. Avant la fin de l'année, le gouvernement prit sous son contrôle toutes les denrées principales et fixa des prix maxima pour la plupart d'entre elles. On ressentait douloureusement la disette de thé et de sucre.
Vers la fin de l'année précédente, les premiers ministres des dominions d'outre-mer avaient été invités à prendre part aux séances du Cabinet Impérial de guerre. Sa première réunion eut lieu à Westminster, le 20 mars; à l'exception de l'Australie, toutes les colonies autonomes y étaient représentées. Au cours des quatorze séances de ce Cabinet, on fournit aux délégués des dominions toutes les informations concernant la poursuite de la guerre que possédait le gouvernement britannique.
La classe ouvrière souffrait non seulement des conséquences de la cherté de la vie, mais aussi des restrictions imposées en vertu de la Loi des Mesures de Guerre. Une certaine agitation se manifesta dans ses rangs; toutefois, les grèves furent peu nombreuses et ne causèrent pas d'embarras sérieux.